HIJABILADIES

Comment faire de l'aïd une fête pour nos enfants ?

 

[salam]

Vivre en Occident et revendiquer son identité musulmane n'est pas toujours facile, et cela l'est encore moins pour les enfants.
Deux modes de vie, deux visions du monde bien différentes s'offrent à ces derniers.
D'un côté, ils sont confrontés à une société de consommation qui pousse à posséder toujours plus et où les valeurs morales occupent une place de plus en plus réduite, et de l'autre, leurs parents essaient de leur transmettre l'amour d'Allah et de leur inculquer par conséquent un certain détachement par rapport à la vie d'ici bas.

Ces dernières années, l'aïd al fitr [1] et l'aïd al adha [2] se trouvent, sur le calendrier, proches des fêtes de Noël.
Les parents musulmans vivant en Occident ont alors un défi supplémentaire à relever :

:?: Comment faire de ces jours une fête pour les enfants ?

Le calendrier hégirien n'ayant pas le même nombre de jours que le calendrier grégorien, l'aïd al fitr et l'aïd al adha se sont rapprochées de Noël au cours des dernières années.

La proximité de Noël par rapport aux fêtes musulmanes peut constituer une difficulté pour certains parents, parfois déstabilisés par les questions que leur posent leurs enfants sur Noël et désarmés devant les tentations que constituent les magasins en cette période, avec leurs étalages de jouets, décorations, bonbons et chocolats.

Dans les écoles maternelles, les préparatifs de Noël (décorations, chansons, dessins) commencent de plus en plus tôt, dès le retour des vacances de la Toussaint.

On pourrait croire à un matraquage intellectuel de nos chérubins. Cette fête, de plus en plus commerciale, a perdu son caractère religieux pour la plupart des gens mais n'en reste pas moins liée à la Nativité pour les chrétiens pratiquants.

Et bien qu'il n'y ait pas de représentation de crèche dans les écoles par souci de « laïcité », on retrouve parfois des représentations d'anges ça et là et on entend des chants religieux dans les magasins.

Les rues et les vitrines des magasins font une véritable compétition de décoration.
On ne peut échapper aux festivités de Noël à moins de rester cloîtré chez soi.

De plus, les fêtes et soirées organisées en cette occasion dans les écoles, par les associations ou les collectivités, sont souvent de qualité, bien organisées.

Les parents musulmans doivent d'une part expliquer à leurs enfants pourquoi ils ne fêtent pas Noël et d'autre part, faire face à toute cette propagande commerciale.
L'entourage non musulman ne le comprend pas toujours ou l'oublie. Les enfants peuvent ressentir une frustration en voyant tous ces jouets et en entendant leurs camarades de classe parler longuement de ce qu'ils vont demander et ensuite de ce qu'ils ont eu et ce, même si on a expliqué à plusieurs reprises à ses enfants qu'on ne suit pas cette fête.

On peut développer les arguments suivants : Noël représente pour les Chrétiens la naissance du prophète Jésus :as: mais ils le divinisent et cela, un Musulman ne peut l'accepter :


« Dis : "Il est Allah, Unique.
Allah, Le Seul à être imploré pour ce que nous désirons.
Il n'a jamais engendré, n'a pas été engendré non plus.
Et nul n'est égal à Lui". »
Sourate 112, Al Ikhlâs (Le monothéisme)


De plus, historiquement, Jésus :as: n'est pas né un 25 décembre, cette date n'est que symbolique.
D'autre part, les Musulmans ont deux fêtes bien à eux : l'aïd al fitr et l'aïd al adha.
Dans les sociétés occidentales, de culture majoritairement chrétienne, les fêtes religieuses des minorités ne sont pas considérées comme des événements à part entière et n'ont pas le statut de jour férié comme c'est le cas des fêtes chrétiennes.

Face à la surenchère commerciale et médiatique déployée à l'occasion de Noël, comment faire pour fêter dignement l'aïd al fitr et l'aïd al adha ?

:?: Comment faire aimer ces deux jours à nos enfants ?
:?: Comment les rendre différents par rapport aux autres jours de l'année dans un pays où les musulmans sont minoritaires
?

A l'heure où l'amalgame entre musulman pratiquant et intégriste est vite fait, affirmer son identité musulmane est devenu un combat quotidien.

Célébrer l'aïd al fitr et l'aïd al adha fait partie des défis que les Musulmans doivent relever.

Imaginez un instant que l'on vous dise « aujourd'hui est un jour exceptionnel » mais que vous deviez rester à votre travail comme tous les autres jours, que vous n'observiez aucun changement autour de vous, aucune de trace de fête, pas de décoration, rien. Vous ne pourriez pas considérer ce jour comme spécial.

En théorie, c'est un jour spécial parce qu'on vous l'a dit mais concrètement, rien ne l'indique.

Si l'aïd est un jour de semaine, pour que les enfants sentent qu'il s'agit d'un jour particulier, ils ne doivent pas aller à l'école (sauf en cas d'examen par exemple) mais plutôt participer avec leurs parents à la prière spécifique à ce jour.

Cela est possible car le plus souvent, les responsables de mosquée s'organisent pour distribuer une attestation pour les enfants manquant l'école pour l'occasion.

Les parents aussi doivent s'organiser pour ne pas travailler ce jour, en prenant par exemple un ou deux jours de congé à l'avance.

Les enseignants peuvent également profiter des dispositions particulières de l'Education nationale autorisant les Juifs et les Musulmans à s'absenter les jours de fêtes religieuses.

Suivre la sounnah en mettant ses beaux habits, en sortant en famille, en récitant le takbir de la maison jusqu'au lieu de la prière, est un premier pas pour sentir qu'il s'agit d'un jour de fête.

La veille, chaque membre de la famille peut participer à sa façon à la décoration de la maison pour lui donner un air de fête.

L'aïd est une occasion de faire des cadeaux aux enfants, de leur offrir des vêtements, des jouets ou des bonbons, chacun selon ses moyens.
Les parents peuvent se regrouper pour organiser une fête pour eux. L'initiative peut également venir des associations et diverses structures islamiques.
Il faut être cependant très vigilant quant à la coordination car il s'agit pas de tenter de préparer une fête quelques jours avant la date.
Un événement digne de ce nom se prépare, se structure longtemps à l'avance.
Réserver une salle, organiser des activités pour les enfants, informer de l'événement, gérer les imprévus, prévoir les gâteaux, les boissons, etc. ne se fait pas du jour au lendemain.

Le maître mot est donc : S'ORGANISER. Rappelons-nous que ceux qui célèbrent Noël ne commencent pas les préparatifs une semaine avant mais bien avant pour avoir une fête réussie.
De même, nous devons nous préparer, nous et nos enfants, avant le jour J. C'est une occasion pour revoir ensemble les événements historiques relatifs à l'aïd, les comportements recommandés par le Prophète [sws] et les valeurs mises en avant lors de cette occasion.

Un autre dilemme apparaît lorsqu'on veut faire plaisir à ses enfants :

:?: comment s'y prendre lorsqu'ils ont tout ou presque ?
Dans les sociétés occidentales, l'abondance est de mise.

:?: Que faire lorsqu'ils ont tous les vêtements qu'il leur faut et plus encore, que leur estomac est rempli d'une incroyable variété de mets, leur chambre pleine de jouets et qu'ils ont tous les jours ou presque des bonbons ?

:?: Que reste-t-il à leur offrir ?


La réponse est simple : les valeurs de l'islam, celles de partage, de générosité, de fraternité, d'amour en Allah, de solidarité.
C'est l'occasion de leur rappeler quelques-uns des bienfaits d'Allah : la santé, la nourriture, l'eau, les vêtements, la possibilité d'aller à l'école et d'apprendre à lire, les amis, les jouets, etc.

Expliquer aux enfants que d'autres n'ont pas forcément tout ce qu'ils possèdent les touche beaucoup car ils ont un cœur sensible aux malheurs des autres, un cœur qui n'a pas encore été noirci et endurci par les péchés.

C'est le moment rêvé pour donner l'exemple à ses enfants, leur donner le sentiment d'appartenir à une communauté de foi, unie dans sa diversité.

En effet, dans les pays occidentaux, les Musulmans ne sont pas de même origine, ils viennent d'Algérie, d'Afghanistan, d'Iran, d'Irak, de Jordanie, de Malaisie, du Maroc, du Pakistan, de Palestine, du Sénégal, de Tunisie, de Turquie et bien d'autres pays.
On conçoit alors pleinement l'importance de participer à la prière de l'aïd, où toute la communauté musulmane, hommes, femmes et enfants, se retrouve dans le recueillement pendant la prière, la réflexion lors du sermon et la joie lors des félicitations.

L'islam n'est pas une religion d'austérité où il serait interdit de s'amuser. Les fêtes doivent être célébrées comme il se doit, tout en respectant les limites définies.
Faire un repas de famille, où souvent, les enfants s'ennuient, ne suffit pas. La fête doit faire ressortir les valeurs citées précédemment.

Nous devons faire en sorte que nos enfants attendent chaque année avec impatience le retour de ces deux fêtes.

[1] Aïd al fitr : fête de rupture du jeûne, elle est célébrée à la fin du mois de Ramadhan.
[2] Aïd al adha : fête du sacrifice, elle est célébrée le 10 du mois de Dhoul Hijja.

Leila R.


http://www.aslim-taslam.com/article.php3?id_article=539

[salam]
 



28/11/2008
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